Des pertes totales de 712M$ à 941,7M$ annuellement
Trois-Rivières, 15 janvier 2024 – La Mauricie fait face à des enjeux économiques et sociaux importants engendrés par le décrochage scolaire, c’est ce que nous apprend le rapport de recherche produit, à la demande de la TREM, par Frédéric Laurin, professeur en économie à l’UQTR et spécialisé en développement régional.
À quatre semaines du lancement des Journées de la persévérance scolaire, la TREM dévoile son rapport de recherche intitulé Décrochage scolaire : impact sur le développement économique et régional de la Mauricie. S’appuyant sur la recherche scientifique et des données statistiques de la région, l’étude réalisée par le professeur Frédéric Laurin permet d’estimer les coûts économiques et les impacts du décrochage scolaire sur le développement régional en Mauricie.
De graves enjeux de décrochage liés à la persévérance scolaire
Le rapport de recherche fait, entre autres, état de la situation du décrochage scolaire en Mauricie. On y apprend que la région enregistre l’un des plus forts taux de décrochage scolaire (15,9%) parmi les régions administratives du Québec, contre 13,5% dans l’ensemble du Québec et que son niveau d’éducation la place dans les derniers rangs pour la proportion de sa population n’ayant aucun diplôme, soit 14,7% contre 9,7% seulement dans l’ensemble du Québec. La série de conséquences socio-économiques du décrochage scolaire identifiée par le professeur Laurin, allant bien au-delà des retombées purement monétaires, est loin d’être rassurante.
Pour ce qui est des coûts estimés, le rapport fait état d’une perte de revenus annuels pour la Mauricie variant de 200,1 millions de dollars à 475,3 millions de dollars selon la méthode de calcul utilisée. On peut interpréter ce montant comme étant une perte de PIB, c’est-à-dire de potentiel économique pour la région. Cet impact provient d’une perte de revenu variant entre 8 704$ et 19 726$ annuellement par individu sans diplôme. L’impact économique total, quant à lui, qui inclut le coût pour le gouvernement, varierait entre 712 millions de dollars et 941,7 millions de dollars annuellement.
Parmi les impacts sociaux s’ajoutant aux impacts économiques se retrouvent : le chômage et la pauvreté, la faible satisfaction au travail, les problèmes de santé physique et mentale, les comportements antisociaux, les problèmes de consommation et de dépendance, les grossesses précoces et non désirées.
Non seulement le décrochage scolaire engendre des conséquences socio-économiques pour la région, mais limite également son potentiel de développement en impactant négativement plusieurs leviers du développement régional tels que l’innovation et la créativité, la productivité des entreprises, l’entrepreneuriat, l’attractivité régionale et la mobilisation régionale. Ceci est particulièrement vrai dans une perspective de pénuries de main-d’œuvre qui met en lumière l’importance de la formation et de l’employabilité des personnes.
« Cette étude met en lumière l’importance de s’unir pour favoriser la persévérance scolaire chez nos jeunes et de nous assurer de mettre en place toutes les conditions gagnantes pour qu’ils puissent obtenir un diplôme ou une qualification. Si l’on souhaite que ça s’améliore, il faut se doter d’une vision à long terme et prendre conscience que la persévérance scolaire n’est pas seulement une affaire d’école. C’est un enjeu de société et lorsqu’un jeune décroche, c’est toute la société qui en subit les conséquences.», affirme Mélanie Chandonnet, directrice générale de la Table régionale de l’éducation de la Mauricie.
Des groupes de discussion organisés en février
Souhaitant faire ressortir les données qui interpellent le plus les décideurs, la TREM profitera de la semaine des Journées de la persévérance scolaire pour organiser des groupes de discussion avec des employeurs de la région (mercredi 14 février) ainsi que des élus municipaux et provinciaux (vendredi 16 février). Ces activités d’échange permettront d’identifier les données à mettre de l’avant dans un prochain outil que la TREM souhaite mettre en place pour sensibiliser les décideurs à l’importance de leur rôle pour favoriser la persévérance scolaire de nos jeunes.